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Flashback

JKG Odéon

5 avril - 1 juin

Jean-Kenta Gauthier Odéon
5 rue de l'Ancienne-Comédie  75006 Paris


Vernissage: jeudi 4 avril, 17h - 20h
Horaires: mercredi - samedi, 14h - 19

    En pénétrant dans l’exposition, le visiteur est saisi par une forte odeur métallique. En face, un mur recouvert de dessins d’un même pistolet étrange. La sensation troublante d’être le premier intervenant sur la scène d’un crime. Comme indiqué dans la note manuscrite épinglée au mur : « 8 juillet 2022. Le bruit et l’odeur auraient fait croire à certains qu’il s’agissait d’un feu d’artifice. Dans la fumée blanche, le temps suspendu.» Ces quelques mots, Hanako Murakami les a inscrits sur un emballage de flash sheet, l’ancêtre au XIXe siècle du flash photographique, qui produisait le temps de la prise de vue une intense source de lumière en faisant exploser une quantité de magnésium.

    Depuis deux décennies, Hanako Murakami (née en 1984 à Tokyo, vit à Paris) poursuit une vaste enquête poétique sur les prémisses de la photographie. Pour Flashback — à la fois le titre de l’exposition et de l’installation principale —, l’artiste poursuit son entreprise en la mêlant à un événement historique récent : ce jour de juillet 2022, le monde entier est le témoin incrédule de l’assassinat sur une place publique de l’ancien Premier ministre japonais Shinzo Abe. Plaqué au sol, l’auteur du crime Tetsuya Yamagami lâche son arme : un imposant pistolet artisanal dont on apprendra qu’il avait été assemblé à l’aide de composants rudimentaires achetés en grande partie sur internet. L’assassin se serait vengé d’une enfance anéantie par une secte dont l’expansion ne serait pas étrangère aux agissements de la famille Abe ; un passé dont Hanako Murakami est familière. Dans un pays où les homicides sont quasi nuls et les armes inaccessibles, l’auteur du crime
    
    Lorsque les outils n’existent pas, ou qu’ils sont hors de portée, il faut les inventer. Telle est la correspondance vertigineuse que propose Hanako Murakami : ce besoin viscéral qui animait Tetsuya Yamagami est à l’image de celui existentiel de l’artiste. À l’instar des inventeurs pionniers qui, au début du XIXe siècle, avant l’avènement officiel de la photographie, créaient leurs propres outils pour reproduire les premières images du monde. Ou encore de Miroslav Tichý, artiste tchèque qui fabriquait lui- même ses propres appareils en glanant des bouts de métal et de verre. C’est le dernier élément de l’installation : face à la reproduction démultipliée de l’arme artisanale que Hanako Murakami intitule Qu’est-ce qu’un dispositif ? (2024), l’artiste présente un dessin unique de l’appareil de Tichý. Les deux dispositifs se font face et s’ils correspondent par leurs aspects rudimentaires, la présence de l’appareil photographique sonne comme une issue pacifique aux pulsions existentielles. C’est la voie qu’a choisie Hanako Murakami dont la fascination pour ces inventeurs qui fabriquaient leurs propres instruments est la métaphore d’une conviction : l’artiste doit toujours se donner les moyens.


 


(Jean-Kenta Gauthier, avril 2024)


   Cette exposition a été réalisée en collaboration avec Domitille Michalon, VP Parfumeur chez IFF.
IFF, un leader mondial de la création de parfums, soutient de nombreuses collaborations artistiques à travers “IFFxLa Fabrica”, une initiative interne ayant pour vocation la rencontre de créatifs et institutions artistiques de tous horizons.

Communiqué de presse