7L a invité l'artiste Coco Capitán à créer un projet inspiré de la bibliothèque du 7L et de ses 33 000 livres. Réfléchissant à l'éclectisme des références qui l'entouraient, Coco Capitán a imaginé une installation en deux parties afin de célébrer le pouvoir ludique des mots. Son voyage à travers cette collection d'ouvrages a débuté par des références classiques de la photographie américaine du XXe siècle : de l'iconographie gay de Robert Mapplethorpe (Robert Mapplethorpe 1986, Raab Gallery) à une anthologie de paysages post-industriels (Measure of Emptiness: Grain Elevators in the American Landscape) en passant par un reportage photographique montrant les conséquences de la Grande Dépression (Let Us Now Praise Famous Men, James Agee et Walker Evans, 1941). La lecture de l'essai de James Agee a amenée Coco Capitán à s'interroger sur sa propre légitimité en tant qu'artiste, le choix de ses sujets et centres d'intérêt lui révélant la nécessité de trouver un point de vue complémentaire et plus inclusif. Elle a ainsi choisi de peindre pour compléter cette série, un livre de sa propre collection : Nothing Personal de Richard Avedon et
James Baldwin.

    Plus que les images, ce sont les mots, leurs présentations formelles et leurs agencements qui l'ont attirée dans ces livres. Coco Capitán exhume, ici, les mots et se les réapproprie, empruntant des titres de livres et d'oeuvres à Robert Mapplethorpe, des phrases à James Baldwin et James Agee, imitant les différentes polices de caractères et mises en page. Tous ces emprunts ont résonné avec son état d'esprit, au moment de ses recherches au coeur de la bibliothèque du 7L, et ont nourri son récit, canalisant le développement de la deuxième partie de l'exposition, centrée sur ce que l'artiste appelle des pensées communes. Dans les quatre derniers tableaux, l'écriture unique de Coco Capitán émerge, capturant des réflexions personnelles sur la dichotomie du monde (Armagedon) et sa propre capacité à procrastiner (The Thrill of Inaction et The Inconvenience of Action).

    « Je suis entrée dans la bibliothèque de Karl Lagerfeld sans but précis, laissant mon attention vagabonder et se poser sur les mots ou thèmes qui me captivaient sur le moment. En l'absence d'un index partagé, je me suis laissé guider par le hasard, l'instinct et la surprise, ce qui m'a permis de faire des découvertes que je n'aurais peut-être jamais faites avec une approche plus conventionnelle et systématique. En empruntant les mots qui m'ont interpellée et en leur donnant une place dans mon univers, j'ai peint plusieurs oeuvres à la fois comme un hommage aux auteurs et artistes que j'ai rencontrés au coeur de cette bibliothèque, mais aussi comme un symbole du pouvoir générateur de la curiosité elle-même. Comment un esprit curieux peut nous conduire vers des univers de pensée inattendus et transformer notre compréhension du possible. »

Coco Capitán