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Bruno Kladar

En 2012, Bruno Kladar se dédie à une seule toile. Après l’avoir tendue sur châssis et préparée, il peint à l’huile sa surface de manière uniforme. L’oeuvre prend alors forme mais atteint vite son écueil: la peinture devient trop identifiable, trop épaisse, « trop picturale » selon les mots de l’artiste. Le résultat est effacé avec énergie, la toile réinitalisée, l’oeuvre recommencée. De nouvelles couches d’huiles et d’encres sont appliquées - une alternance de bleu, rouge, jaune cuivré, vert ou blanc -, le procedé est répété des dizaines de fois. À chaque étape, la toile usée recueille les traces de son traitement et ce faisant, le châssis voit sa silhouette émerger à la surface.


L’oeuvre est terminée quand la toile est épuisée, qu’elle ne peut plus supporter de traitement additionnel, qu’elle est tout au- tant épaisse de couches que translucide d’effacements, que les couleurs ont atteint une harmonie, une quiétude.

Cette oeuvre primaire initiée en 2012 et achevée en 2013, Bruno Kladar l’intitulera Première peinture no. 1. Chaque couche de peinture y est ainsi fondée sur les vestiges d’une ancienne couche, selon un principe déjà observé dans les centaines de POD [Petites Oeuvres Démocratiques] (2003-2012) pour lesquelles Bruno Kladar découpait et réassemblait les morceaux d’une ancienne peinture pour en créer une nouvelle, à une échelle différente.

Depuis, Bruno Kladar a produit sept autres Première[s] peinture[s] en résolvant des contradictions: des couches effacées s’y accumulent, des strates y sont empilées pour creuser, le creusement en fait remonter le fond, l’intérieur et l’extérieur s’y rejoignent.
Les Premières peintures de Bruno Kladar nous renseignent sur les possibilités de nos existences. Ce sont des réconciliations.

 

Bruno Kladar est né en 1968 à Paris. Il fréquente diverses écoles d'art, comme l'École Duperré ou encore l'École Boulle, est diplômé et lauréat en dessin d'illustration et en histoire de l'art. Il est décédé en 2020 à Paris.