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All the Lonely Things My Hands Have Done

18 octobre 2025 - 17 janvier 2026

Jean-Kenta Gauthier Odéon
5 rue de l'Ancienne-Comédie 75006 Paris

Vernissage: samedi 18 octobre, 16h-20h
Conversation publique: mardi 21 octobre à 18h à Jean-Kenta Gauthier Vaugirard [RSVP à info@jeankentagauthier.com]

Horaires: mercredi - samedi, 14h - 19h


All the Lonely Things My Hands Have Done est la première exposition à la galerie consacrée à l’œuvre de l’artiste suisse Hannah Villiger (1951, Cham, Suisse – 1997, Auw, Suisse), réalisée en collaboration avec The Estate of Hannah Villiger. Intitulée d’après une œuvre des débuts présentée dans l’exposition, All the Lonely Things My Hands Have Done explore l’alphabet de Hannah Villiger dans toute l’étendue de sa pratique pluridisciplinaire, selon un parcours antéchronologique.

Se définissant comme sculptrice travaillant avec la photographie, Hannah Villiger utilisa à partir de 1980 un appareil Polaroid SX70 pour cartographier son propre corps et son environnement immédiat, les examinant sous l’angle de leurs qualités sculpturales. Elle présenta ces recherches en agrandissant ses films Polaroid sous forme de tirages grand format et de compositions murales qu’elle intitula, de manière programmatique, Works, puis Sculpturals et Blocks. Présenté dans l’exposition, Sculptural (1988/1989) est un agrandissement photographique de la main gauche de l’artiste, doublement reflétée dans des miroirs. La démultiplication du sujet engendre un volume au centre de l’image et laisse deviner l’espace intérieur, mystérieux, créé par la voûte de la paume. Hors champ, le regardeur imagine la posture de l’artiste et la position de sa main droite tenant l’appareil Polaroid. « La plus grande distance entre l’appareil photo et une partie de mon corps se situe entre mon bras levé et mes orteils », écrivait l’artiste dans On My Book “Envy”, publié en 1986. Hannah Villiger photographiait « à la main », et la dimension artisanale de son processus confère à ses images « un sentiment singulier de son propre être », selon les mots de l’historien de l’art et conservateur Rainer Michael Mason.

Entre 1974 et 1977, durant un long séjour à Rome dont à une résidence à l’Istituto Svizzero, Hannah Villiger réalisa un ensemble d’œuvres sur papier — aquarelles, dessins au crayon noir et de couleur — dans lesquelles la présence physique du corps autour de l’œuvre est déjà manifeste. L’artiste y figure la proximité entre ses mains et la surface du papier, allant jusqu’à y laisser l’empreinte de ses lèvres rouges. Les titres, souvent inscrits au bas des œuvres en allemand, en anglais ou en italien, évoquent l’expérience intime et le rayonnement du corps. À l’instar de Die Aussenwelt der Innenwelt (Le monde extérieur du monde intérieur) (1975), qui suggère l’espace interne du corps et ses zones de contact avec le monde extérieur. Ou encore Sans-titre (Rome) (1975), où, aux extrémités, l’artiste dessine la silhouette de ses mains tenant — voire plaquant — la feuille de papier : il y a quelque chose de vertigineux à se rapprocher de cette œuvre dont le format laisse à notre buste tout juste l’espace d’être aspiré dans le vide du papier vierge.

Avant l’Italie, Hannah Villiger réalisa au Canada, à la lisière du Land Art et de l’Arte Povera, des Baumhäutungen — littéralement des « dépeçages d’arbres ». La série de photographies d’époque (Sans-titre, 1974), documentation d’une œuvre éphémère, présente les six étapes de l’action : la branche est présentée puis débarrassée de son feuillage, puis de son écorce, jusqu’à ce que le corps intérieur s’échappe de son enveloppe. C’est aussi un triptyque de ramifications de brindilles (Sans titre, Toronto, 31 août 1974), vingt-huit au total, dont l’artiste dessine minutieusement au crayon et à l’aquarelle l’aspect extérieur — on dirait des illustrations botaniques — avant de sectionner dans la longueur les végétaux qui, cousus dans le papier, révèlent leurs couches internes, pour revenir ensuite à la forme extérieure, ne conservant que des silhouettes de papier collées à même la feuille. Une excursion dans l’image, le volume et la forme des rameaux.

Hannah Villiger s’imposa comme une figure majeure de la scène artistique suisse, avant qu’une mort prématurée n’interrompe son parcours à seulement quarante-cinq ans. Son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions institutionnelles, notamment à la Kunsthalle Basel (1985), au Museum für Gegenwartskunst Basel (1989, aujourd’hui Kunstmuseum Basel | Gegenwart), à la Biennale de São Paulo (Pavillon suisse, 1994, avec Pipilotti Rist), au MAMCO (Genève, 2007), à Kolumba (Cologne, 2020), à la Weserburg (Brême, 2023), au Muzeum Susch (Susch, 2023) et au Centre Pompidou (Paris, 2024). Elle vécut à Paris de 1986 à 1997.


(Jean-Kenta Gauthier, octobre 2025)


 

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