The Frame
Jean-Kenta Gauthier | Odéon
"Une des renégociations existentielles les plus importantes de l'histoire de l'humanité a lieu à cet instant précis. Je fais reéférence à la question des cadres dans lesquels nous-mêmes nous définissons et avons vécu depuis la naissance de la civilisation humaine: ce qui définit le genre. Avec 'The Frame', j'examine l'image et la notion du mâle au travers d'un autoportrait au sens large, et j'explore des aspects moins considérés et formulés du cadre dans lequel les mâles ont été définis: la vulnérabilité et la faiblesse. The Frame est un questionnement visuel sur l'identité."
JH Engström, mars 2018
The Frame (2018) est une nouvelle oeuvre de JH Ensgtröm (Värmland, Suède, 1969) née d'une réflexion sur les questions contemporaines et fondamentales du genre, de la domination, et plus largement des cadres sociaux qui régissent nos vies. L'installation, présentée du 17 mars au 12 mai 2018 à la galerie Jean-Kenta Gauthier, prend la forme d'une correspondance symbolique entre une projection murale de plus de deux cents autoportraits et portraits d'hommes réalisés par l'artiste au cours des deux dernières décennies, et une photographie monumentale d'un rocher brisé, dit moraine, réalisée en 2016 par l'artiste dans sa région natale du Värmland, au sud de la Suède.
Ces centaines d'hommes, photographiés dans des espaces publics ou privés, à la volée ou posés, habillés ou nus, sont des inconnus et des amis, ainsi que des mentors de JH Engström. Parmi ces derniers, on reconnaîtra les artistes Robert Frank, Boris Mikhaïlov ou encore le père de l'artiste. Nombreux sont ceux qui présentent une faiblesse, une vulnerabilité, et tous sont photographiés de manière isolée de sorte que leur corporalité constitue le cadre de référence du portrait. À ces photographies se mêlent de nombreux autoportraits de l'artiste à différents âges de sa vie. Dans une société longtemps régie par la figure dominatrice masculine, l'artiste, né en 1969, doute et interroge notre carcan social.
JH Engström a photographié les moraines de manière compulsive durant des mois, à la chambre photographique, dans sa région natale du Värmland, au sud de la Suède. Les moraines sont des amas de débris rocheux, érodés et transportés par l'effet de la fonde des glaces à la fin de la dernière ère glaciaire, il y a au moins 10 000 ans. Ces rochers, aux dimensions importantes, ont été brisés et sont restés là, comme des métaphores de la résistance et de la permanence.
Dans The Frame (2018), ce rocher lourd et brisé, dont la photographie monumentale est encadrée en métal et posée à même le sol à l'aide de socles en bois, fait face à ces centaines d'hommes dont les portraits, projetés au mur, disparaissent les uns après les autres. Cette nouvelle oeuvre de JH Engström, conçue comme une installation dans l'espace d'exposition de la galerie Jean-Kenta Gauthier, pose la question de la domination et de sa représentation dans notre société et fait écho aux réflexions engagées depuis les années 1980 dans le cadre de la théorie du genre. En creux, l'artiste interroge le statut et la temporalité de l'image imprimée, de l'image fixe, et de l'image temporaire.