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dans "Le Parti pris des choses"
CRP/ Centre régional de la photographie Hauts-de-France
Quand Francis Ponge publie Le Parti pris des choses en 1942 la guerre est planétaire et terrible. Alors que des cieux du continent européen pleuvent les bombes, le poète entreprend de scruter les objets ordinaires de sa sphère quotidienne. Des poèmes en prose dédiés au cageot, au pain ou encore à la bougie se succèdent dans ce Parti pris des choses devenu monument littéraire. "C?est en partant d?en bas, explique l?auteur, qu?on a quelque chance de s?élever. (?) Il s?agit d?une parti en tête à tête, à l?effet d?en perdre la tête." À vrai dire, ce que l?auteur du Savon et de La Crevette dans tous ses états prend au sérieux, cette chose, objet de toutes ses attentions, qu?il poursuivra sa vie durant, c?est la langue. Dans l?atelier, entre les murs de leur maison-studio, les artistes réunis ici prennent pour objets cuillères, patates, brosses à dents jusqu?à l?indispensable téléphone portable : toutes choses opportunément banales. En leur compagnie, les artistes entreprennent de "désaffubler" leur médium, qu?il soit photographie ou vidéo. "Rien n?est plus réjouissant, déclarait encore le poète, que la constante insurrection des choses contre les images qu?on leur impose. Les choses n?acceptent pas de rester sages comme des images." L?artiste, comme l?écrivain, fait ce rêve éveillé, récurrent : il choisit un objet, l?approche, tourne autour ; pourtant il échoue à représenter l?objet portraituré qui se dérobe, voire se révolte. Opiniâtre, il y revient pour reprendre le dialogue avec la chose. L?exposition figure ces conversations secrètes. Qu?elles soient solennelles ou absurdes, ascétiques ou fleuves, elles formulent toutes le désir tenace de chacun de trouver sa manière d?être au monde.
(Raphaëlle Stopin, commissaire de l'exposition)