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Avenues All Lined With Trees

Avant-Gardens, Part.1

Jean-Kenta Gauthier / Vaugirard

7 septembre - 19 octobre

Jean-Kenta Gauthier Odéon & Vaugirard
5 rue de l'Ancienne-Comédie  75006 Paris
4 rue de la Procession  75015


Vernissage: samedi 7 septembre, 14h - 19h
Horaires: mercredi - samedi, 14h - 19h

    Des arbres au musée, des fleurs à imaginer, des aquarelles arrosées, des palmiers mexicains sur le golf de Donald Trump. Avec Avenues All Lined With Trees [Des avenues toutes bordées d'arbres], David Horvitz (né en 1981 à Los Angeles) présente des oeuvres poétiques, conceptuelles et évolutives, du mail art ou encore une vidéo - tout ici évoque voire émane de 7th Avenue Garden, le jardin personnel de l'artiste à Los Angeles, voisin de son atelier. Dès sa création en 2021 avec l'agence d'architecture paysagiste californienne Terremoto, il fut pensé comme une terre de partage, d'accueil, d'expérimentations et de résistance au coeur de la ville et son désastre bétonné.

    À JKG Vaugirard, David Horvitz présente le nouveau projet Fleur de corbeau (2024) qui documente le don spontané de boutures de frangipaniers auprès de quatorze collections publiques françaises, un ensemble de mail art, aquarelles réalisées dans le jardin à l'eau d'arrosage, ainsi que des descriptions de fleurs sur des photographies qui n'existent plus (Nostalgia, 2018 - en cours).
    Motif récurrent dans son oeuvre, le corbeau est ces dernières années devenu comme un alter ego de David Horvitz. « Avez-vous déjà reçu un cadeau de la part d'un corbeau ? », ainsi conclut-il chacune des lettres accompagnant les boutures de frangipaniers qu'il a offertes, en préambule de l'exposition, à quatorze institutions et musées publics français (*). Le corbeau est connu pour faire des cadeaux à ses semblables, parfois aux humains. Les boutures ont été prélevées sur les frangipaniers qui poussent dans le jardin de l'artiste, eux-mêmes boutures des arbres qui poussaient devant la maison de la grand-mère de l'artiste à Los Angeles. Et Horvitz d'ajouter que chaque bouture « comme une photographie, [contient] des enregistrements de la lumière du soleil. C'est aussi un véhicule de souvenirs. Et c'est un avenir. » « Fleur de Corbeau » est la traduction de « frangipanier » en nahuatl, comme si pour les Mexicains cet arbre était voué a être offert. Fleur de corbeau est une oeuvre conceptuelle qui demande si la vie peut entrer au musée. À la galerie sont disposées dans des boîtes d'archive les documents accompagnant les donations, et épinglées au mur sont les réponses, positives ou négatives ou peut-être absentes, des institutions destinataires. Ces documents alimenteront le projet tout au long de l'exposition et probablement au-délà car les musées ont leurs propres rythmes administratifs - mais qu'advient-il de la bouture entretemps. Fleur de corbeau réside dans le processus même de faire don du vivant au musée. Elle interroge la nature de l'art et les structures dédiées à sa conservation, sa préservation. Et les quatorze institutions disséminées sur le territoire français dessinent une carte, car les frangipaniers « cartographient des réseaux d'amitiés par le biais de l'économie du don. »

    Tout au long de l'exposition, David Horvitz adresse à la galerie par voie postale un ensemble d'aquarelles de divers formats. Ces compositions sur papier, colorées et abstraites, ont été réalisées dans le jardin avec l'eau d'arrosage, parfois même avec le tuyau, des plantes, des pierres. S'il est impossible de déplacer un jardin dans une galerie, ces oeuvres de mail art reçues au fil du temps nous rappellent que le jardin de l?artiste continue de vivre, à 9 000 km, durant l'exposition. C'est à nouveau une cartographie qui indique ce qui nous éloigne et ce qui nous unit, un autre motif récurrent de l'oeuvre de David Horvitz.
    Depuis 2018, faisant le constat d'une culture inondée d'images et alors que nous perdons notre faculté de concentration, David Horvitz a commencé à effacer ses propres archives photographiques. Cet effacement est devenu une oeuvre d'art intitulée Nostalgia et prend la forme d'oeuvres textuelles, descriptions poétiques des photographies effacées à la lecture desquelles le regardeur souvent doit stimuler son imagination. Pour Avenues All Lined With Trees a été retenue une sélection de fleurs que David Horvitz a photographiées - des lilas pourpres ou des ipomées - et que nous devons désormais imaginer.
    
    À JKG Odéon, David Horvitz présente la vidéo A Walk At Dusk (Washingtonia Robusta/Mexican Fan Palm) (2018) ainsi qu'un dernier texte de Nostalgia.
    « A tree growing in a cage » [un arbre qui pousse dans une cage], à nouveau description d'une photographie effacée, est la métaphore de ce qu'interroge l'artiste dans cette exposition: dans quelle mesure faut-il contraindre la nature ?
    A Walk At Dusk, vidéo dans laquelle figure l'artiste, s'ouvre sur ses paumes remplies de graines de washingtonia robusta ou palmier mexicain, cette essence d'arbre étrangère qui a façonné l'imaginaire californien. La Californie est la terre natale de David Horvitz dont la famille originaire du Japon a connu durant la guerre l'emprisonnement dans les camps d'internement pour Japonais. À nouveau une cartographie en creux. Puis le regardeur suit l'artiste au crépuscule arpentant le Trump National Golf Course de Los Angeles. Au fil des pas, Horvitz disperse de grandes quantités de graines de palmiers mexicains. Certaines graines sont même cachées dans les fourrés, comme s'il s'assurait que leur croissance échapperait à la vigilance des jardiniers. En fond, la ville et la nature, les hélicoptères et le vent, les grillons, les oiseaux, l'océan. Jusqu'au petit matin quand les tourniquets automatiques arrosent le gazon et les graines. A Walk At Dusk est le titre d'un tableau peint en 1830-35 par Caspar David Friedrich et qui figure un homme seul dans une nature moribonde. L'oeuvre est à Los Angeles, au J. Paul Getty Museum.

    « Avenues all lined with trees » est une citation du morceau Ceremony de New Order.


    David Horvitz, Avenues All Lined With Trees inaugure Avant-Gardens, saison d'expositions à la galerie émanant de jardins d'artistes, en hommage à Ian Hamilton Finlay (1925, Nassau, Bahamas - 2006, Édimbourg, Royaume-Uni), artiste conceptuel qui aimait se définir comme un « avant-gardener » et nous a offert Little Sparta, son jardin de poésie et de sculpture près d'Édimbourg.

(*) Institutions destinataires:
Les Abattoirs, Musée - Frac Occitanie Toulouse
CAP - Centre d'art contemporain de Saint-Fons
CAPC - Musée d'art contemporain de Bordeaux
Carré d'Art - Musée d'art contemporain de Nîmes
Centre national des arts plastiques, Paris
Consortium Museum, Dijon
Frac Alsace, Sélestat
49 Nord 6 Est - Frac Lorraine, Metz
Musée du Louvre, Paris
[mac] Musée d'art contemporain de la Ville de Marseille
MAMC+ Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne
MEP - Maison Européenne de la Photographie, Paris
Nouveau Musée National de Monaco
Musée national d'Art moderne - Centre Pompidou, Paris



Avant-Gardens
7 septembre - 21 décembre 2024

Part. 1: David Horvitz, Avenues All Lined With Trees
7 septembre - 19 octobre
à JKG Odéon & Vaugirard

Part. 2: Daniel Blaufuks, Jardim Cinema
26 octobre - 21 décembre
à JKG Vaugirard

Part. 3: Hanako Murakami, Sufficiently Near
30 octobre - 21 décembre
à JKG Odéon

Communiqué de presse