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Words and Pictures

Jean-Kenta Gauthier Vaugirard

15 juin - 27 juillet

Jean-Kenta Gauthier Odéon & Vaugirard
5 rue de l'Ancienne-Comédie  75006 Paris
4 rue de la Procession  75015


Vernissage: samedi 15 juin, 14h - 19h (*)
Horaires: mercredi - samedi, 14h - 19h

(*) samedi 15 juin, 17h - 18h: conversation publique avec Clément Chéroux, Mishka Henner et Jean-Kenta Gauthier


    Words and Pictures poursuit l’exploration de Mishka Henner sur la façon dont la photographie existe au XXIe siècle et comment elle a façonné notre perception de l’art et de ses conventions. La troisième exposition personnelle de l’artiste avec la galerie se déroule dans nos deux espaces Jean-Kenta Gauthier Odéon et Vaugirard.

    En 2010, Mishka Henner publiait Photography Is, un manifeste contenant plus de 3 500 phrases uniques commençant toutes par les mots “Photography is” et isolées du contexte dans lequel elles sont apparues à l’origine. Créé à partir de blogs, de magazines, de manuels universitaires, de communiqués de presse, de manuels techniques et de toute autre plateforme de publication agrégée par le moteur de recherche, l’ouvrage constitue une tentative audacieuse d’élargir le discours sur la photographie au-delà des définitions canoniques et établies, et de définir un genre visuel entier uniquement à l’aide de mots.
    Photography is a Durational Reading [La Photographie est une longue lecture] est une nouvelle installation immersive présentée à JKG Odéon, dans laquelle la galerie est transformée en une salle obscure diffusant une lecture de 7 heures de l’ensemble du texte de Henner. Le matériau est sourcé d’une performance Youtube de 7 heures dans laquelle un photographe américain nommé Michael David Murphy lit le livre de Henner en direct lors d’un festival de photographie aux États-Unis en 2020. Photography is a Durational Reading est donc une réappropriation d’un projet approprié, nous rappelant que la circulation est une qualité centrale de la photographie. Proposée aux visiteurs comme une expérience collective, c’est une œuvre méditative sur l’état de la photographie au XXIe siècle, où les photographies sont absentes.
    En 2024, une édition actualisée de Photography Is est publiée par Gato Negro Ediciones (Mexico), et des exemplaires sont désormais disponibles à la galerie.

    À JKG Vaugirard est présentée pour la première fois l’installation Words and Pictures (2024) composée d’un texte mural, de cartes de visite et d’une projection de 79 images. Words and Pictures est un jeu sur les conventions de l’art. Alors que le texte mural respecte toutes les conventions en présentant le nom de l’artiste, le titre de l’exposition et les dates, son contenu principal consiste en un texte générique Lorem ipsum. Le Lorem ipsum reflète l’effet de télescopage historique présent dans de nombreuses œuvres de Henner : faux-texte dont l’origine remonte à 45 avant J.-C., il a été inventé dans les années 1960 pour les besoins des concepteurs utilisant les premiers logiciels de publication assistée par ordinateur. Pour chaque présentation de l’œuvre, le texte mural doit être mis à jour en utilisant l’identité visuelle de l’espace d’exposition (type et taille de police) et en incluant les nouvelles dates d’exposition.
    Les qualités formelles du texte mural reflètent l’intérêt de Henner pour les cadres imposés aux discours sur l’art qui sont également appliqués aux artistes eux-mêmes. La carte de visite, par exemple, ne contient que le nom de l’artiste et le titre « artiste en milieu de carrière », comme si l’artiste, à l’instar de son travail, était à jamais étiqueté et catégorisé.
    Le troisième élément de l’installation est la projection d’un diaporama de 79 œuvres d’art composées de photographies créées à partir de sculptures, de peintures et de textes, ainsi que de sculptures, d’installations et de peintures créées à partir de photographies. À l’ère des processus génératifs, ces œuvres ont été créées par Mishka Henner à partir d’instructions textuelles qui exploitent une bibliothèque quasi infinie d’images contemporaines et historiques.
    En 1844, William Henry Fox Talbot, l’un des inventeurs de la photographie, suggérait que la photographie est le moyen le plus efficace de reproduire des œuvres d’art, à savoir des sculptures, des dessins, des lithographies, des architectures et des livres. Faisant le constat que depuis le XIXe siècle, notre connaissance de l’histoire de l’art est largement tributaire de celle des reproductions photographiques d’œuvres d’art, les images projetées par Mishka Henner jouent des conventions iconographiques et des typologies de l’art et des œuvres d’art : les sculptures sont souvent présentées sur des socles immaculés avec un éclairage de studio parfait, les installations sont monumentales et présentées dans de vastes cubes blancs, et les œuvres sur toile ou sur papier sont toutes parfaitement encadrées sur des murs neutres, posant la question de savoir si les galeries d’art elles-mêmes ne sont pas devenues de vastes studios photographiques plutôt que des espaces de contemplation. Derrière cette recherche de formalisme, les œuvres projetées au mur contiennent souvent des motifs faisant écho à ceux présents dans le travail de Henner : notre relation au monde, à la technologie et aux conséquences de nos propres activités. Tirées de journaux, d’archives de musées, de photographies de produits et même des albums photos personnels de l’artiste, les œuvres autorisent un parallèle avec la vaste agrégation de Photography Is - cette fois, avec des résultats entièrement visuels.

(Jean-Kenta Gauthier, juin 2024)


 

Communiqué de presse