The Days Are Numbered (January)

Présentée du 18 juin au 3 septembre 2022 à la galerie Jean-Kenta Gauthier / Odéon, l'exposition The Days Are Numbered (January) constitue la seconde exposition à la galerie du journal de Daniel Blaufuks (né en 1963, vit au Portugal).

Depuis le printemps 2018, Daniel Blaufuks crée chaque jour sur une feuille de papier A4 une composition méticuleuse associant photographies instantanées et texte, avant de la tamponner d'un numéro au recto et d'inscrire la date au verso. Certains jours il ajoute des documents ou des objets. Intitulé The Days Are Numbered (« Les jours sont comptés »), ce vaste projet est comme un journal intime imprécis consignant des événements de la vie de l'auteur, des réflexions sur le monde, la littérature, la photographie. Derrière la mélancolie ponctuée d'accès de joie, de colère, d'émerveillement, d'indignation, Daniel Blaufuks nourrit l'espoir: en numérotant chaque journée, il dénombre les jours passés et crée comme un compte à rebours inversé de sa vie.

L'exposition The Days Are Numbered (January) se concentre sur les éléments no. 241 à 271 qui constituent le journal de janvier 2019. C'était la première fois que l'auteur écrivait en commentaire d'une journée le titre même de la série : « the days are numbered. » (dimanche 6 janvier 2019). The Days Are Numbered a pour motifs visuels récurrents les obsessions de Daniel Blaufuks - les photographies de deux fenêtres, des fleurs de son jardin ou encore des rochers sur la plage - et ses mots apparaissent dans les langues qu'il emploie dans sa vie - le portugais, l'allemand, l'anglais, le français. The Days Are Numbered est pour Daniel Blaufuks comme une ligne de vie. En y consignant à la fois les événements et ce qui les sépare, l'artiste réalise avec The Days Are Numbered comme le pendant d'Attempting Exhaustion, l'autre vaste projet de l'artiste qui, photographiant depuis 2009 ses deux fenêtres, réitère en photographie le projet littéraire de Georges Perec dans le texte Tentative d'épuisement d'un lieu parisien (1975) auquel est emprunté le titre de la série: « Mon propos (...) a été de décrire le reste: ce que l'on ne note généralement pas, ce qui ne se remarque pas, ce qui n'a pas d'importance: ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. » Car comme le répète Daniel Blaufuks: on photographie toujours lorsque quelques chose arrive, jamais lorsque rien ne se passe. Ce qui se passe alors pourtant - tel est le sujet d'Attempting Exhaustion.

L'exposition The Days Are Numbered (January) inclut également trois oeuvres de Daniel Blaufuks qui, associées à son journal, mettent en perspective les questions de temps, d'espace et de mémoire propres au travail de l'artiste, et rappelle le rôle de la littérature dans sa pratique.

Perpetual Calendar (2021) est un triptyque de photographies réalisées par Daniel Blaufuks comme une évocation de la vie de l'écrivain italien Cesare Pavese (1908-1950), l'auteur de Le Métier de vivre, son journal publié après qu'il s'est donné la mort. Ce triptyque  qui indique les mots « hier », « aujourd'hui » et « demain » est un calendrier perpétuel et Daniel Blaufuks laisse libre à chacun de choisir l'ordre des vocables et de maîtriser son destin. Ces mots évoquent également les différentes étapes de l'existence d'une photographie et le rapport mémoriel que nous entretenons avec les photographies, de sorte qu' « aujourd'hui », qui dans l'exposition accompagne le journal de janvier 2019, souligne l'importance du moment où une photographie est vue.

15 Minutes (2010-2021) est un diptyque de photographies présentant une horloge indiquant 6h00 puis 6h15. Allusion silencieuse au quart d?heure de célébrité cher à Warhol, l'horloge émane également de Terezin (2010), vaste projet entrepris par Daniel Blaufuks autour des questions que soulève l'histoire du camp de concentration nazi de Theresienstadt, et initié par le livre Austerlitz (2001) de l'écrivain allemand W.G. Sebald (1944 - 2001) dans lequel une photographie d'un bureau à Theresienstadt inclut une horloge indiquant 6h00. Quinze minutes, c'est peut-être aussi la durée nécessaire pour regarder les 31 élément du journal dans l'exposition. L'oeuvre joue ici des différentes temporalités de nos vies, de la photographie, de l'exposition.

Enfin le multiple Les Jours (2022) est une appropriation du « ready-made » de Man Ray, métronome surmonté d'un oeil successivement intitulé Indestructible Objet, Objet à détruire puis Perpetual Motive (1923-1971). L'oeil a ici cédé la place à un miroir, élément récurrent dans l'oeuvre de Daniel Blaufuks qui y voit souvent un appareil photographique qui n'enregistre pas, et le tic-tac incessant semble compter les jours, ceux du journal, et les nôtres.

— Jean-Kenta Gauthier, juin 2022

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Du 25 juin au 1er octobre se tient, dans le cadre de la Saison France-Portugal 2022, l'exposition Daniel Blaufuks: Tentative d'épuisement au Centre photographique Rouen Normandie.

Centre photographique Rouen Normandie
15, rue de la Chaîne
76000 Rouen

En septembre 2023 ouvrira au MAAT - Museum of Art, Architecture and Technology à Lisbonne une grande exposition dédiée à The Days Are Numbered.

Museum of Art, Architecture and Technology
Av. Brasilia, Bélem
1300-598 Lisbonne